IMG 9642

Le Losar à Leh : trois jours d’hiver, scènes du Nouvel An ladakhi

Trois jours d’hiver à Leh : scènes de Losar du marché à la cour

Par Sidonie Morel

Lead: Lumière du matin, pas pratiques

Les ruelles de la vieille ville avant l’ouverture complète des boutiques

Losar in Leh
Losar à Leh commence sans annonces. Les ruelles de la vieille ville gardent une fine couche de gravier là où la neige d’hier a été piétinée jusqu’à devenir poudre. Sur les bords, la glace tient en bandes étroites, mate et compacte. Un balai avance en gestes lents près d’une porte, poussant la poussière en une petite arête. Quelqu’un jette de l’eau d’un bol en métal, un arc rapide, et l’éclaboussure devient une tache sombre qui se resserre et pâlit en quelques minutes. Les pas marquent la pierre froide, puis s’effacent à mesure que le soleil grimpe au-dessus des toits.

Dans la même rue, des volets se soulèvent à mi-hauteur. Un commerçant teste la charnière, cale une cale en bois, et laisse le métal à moitié relevé pendant qu’il range des cartons à l’intérieur. Les premiers sons sont petits : un loquet, un seau traîné sur une courte distance, un couvercle de bouilloire qui tape une fois, puis le calme. Plus bas dans la ruelle, un chien est couché dans une tache de soleil, le nez rentré sous la queue. Les drapeaux de prière, tendus de toit en toit, tirent fort dans le vent ; leur mouvement est net, presque mécanique dans l’air glacé. Pendant Losar à Leh, les premières heures sont pleines de ces tâches ordinaires, répétées avec un rythme plus constant que d’habitude.

Du côté du bazar, les échoppes de thé se mettent au travail. Les tasses s’empilent en colonnes, rincées rapidement, essuyées avec des chiffons suspendus à des crochets. La vapeur monte en brèves bouffées, plus visibles ici parce que la rue est à l’ombre. Les mains se réchauffent autour de verres. Un taxi avance au pas, phares allumés même en plein jour, les pneus crissant doucement au bord de la route là où la neige reste. Quelques écoliers passent, écharpes tirées jusqu’aux joues, cahiers sous le bras. Losar à Leh n’est pas un spectacle à cette heure-là ; c’est une ville qui entre dans la journée avec des intentions nettes et des sacs vides qui attendent d’être remplis.

Ce que la caméra saisirait en cinq secondes

Si vous vous arrêtez pendant Losar à Leh et que vous levez votre téléphone un instant, le cadre se remplit sans effort : un ciel si clair qu’il semble lavé, des crêtes nettes et pâles, des toits en tôle qui attrapent un éclat blanc et dur. Au premier plan, un mur de briques séchées au soleil révèle les détails de l’hiver — éclats, vieille peinture, traces de suie là où un tuyau de poêle a travaillé toute la saison. Une femme sort avec un panier, l’ajuste une fois, puis disparaît dans une porte. Un garçon passe en courant avec un sac plastique qui claque dans le vent. Ce sont ces petites scènes qui se répètent pendant Losar à Leh, dans des coins différents, sous le même froid lumineux.

Au marché, la couleur est pratique : pelures d’orange, emballages rouges, sacs verts, et l’éclat terne des plateaux métalliques. Un vendeur soulève une balance par son crochet puis la repose. Une corde enroulée attend sur un comptoir, à côté de cartons empilés avec soin. Des sacs de farine sont posés sur le côté, coutures tournées vers l’extérieur, prêts à être saisis rapidement. Quelqu’un compte des billets à mains nues, puis les glisse dans une poche. À côté, une moto tourne au ralenti ; l’échappement fait un petit nuage qui se dissout vite. C’est la forme visible de Losar à Leh : préparation, mouvement, et une sorte d’ordre attentif.

Dans les mêmes cinq secondes, vous captez aussi ce que l’appareil ne retient pas longtemps : l’odeur de fumée de bois d’abricot dans une ruelle étroite ; la morsure sèche de l’air à l’inspiration ; la chaleur qui s’accumule dans une porte où le soleil a atteint le seuil. Losar à Leh se construit de ces impressions rapides, et elles reviennent encore et encore sur trois jours.

Jour Un : acheter, porter, trier

Marché de Leh : préparatifs de fin de matinée

IMG 9645
En fin de matinée, Losar à Leh devient visible au marché. Les gens arrivent avec des listes qui n’ont pas besoin d’être dépliées. Les étals portent les stocks d’hiver : farine et riz en grands sacs, cartons d’huile, briques de thé, biscuits, noix, fruits secs, et des oranges rangées en pyramides. Un commerçant tape le flanc d’une boîte en métal pour montrer qu’elle est pleine. Un autre plie du papier en cône pour les épices, puis le noue avec une ficelle. Les prix se disent vite, les chiffres sont simples, la décision se prend d’un signe de tête. Le rythme n’est pas pressé, mais il est constant, comme s’il restait beaucoup de seuils à franchir avant le soir.

Les sacs se remplissent vite. Un sac plastique s’étire autour d’une boîte de douceurs. Un sac en tissu reçoit la farine, puis on le noue deux fois. Un homme charge un sac sur son épaule, fait attention à éviter le bord glacé, et avance avec l’inclinaison exercée de quelqu’un qui porte des charges en hiver depuis des années. Pendant Losar à Leh, porter fait partie du rythme : du comptoir au sac, du sac au taxi, du taxi au seuil. La rue le montre clairement — des gens qui marchent en petites boucles, reviennent pour un dernier article, puis encore un.

Près d’un vendeur de légumes, les verdures d’hiver sont en petits tas, serrées par une ficelle. Quelqu’un les vérifie en soulevant légèrement le paquet puis en le reposant. Un garçon porte un plateau d’œufs avec précaution, coudes serrés contre les flancs. Les échoppes de thé tournent à plein ; les tasses se remplissent sans cérémonie. Il y a un froissement doux et continu : papier, plastique, corde, tissu. Un coup de klaxon bref, une excuse rapide quand deux personnes se croisent dans un passage étroit, puis le flux continue. Losar à Leh ressemble le plus à lui-même ici — public, utile, lumineux.

Le seuil de la maison : chaussures, sacs, et un sol dégagé

IMG 9646
De retour à la maison, Losar à Leh passe à l’intérieur. Les chaussures s’alignent près de la porte : bottes couvertes de poussière sèche, chaussons qui attendent derrière. Les sacs sont posés en un petit groupe ordonné. Les achats se trient à la main, sans étiquettes. La farine d’un côté, les douceurs de l’autre, le thé et les épices regroupés. On vérifie un bocal, on tourne le couvercle une fois, on serre. On tapote un paquet de noix pour qu’il s’empile bien. Quelqu’un essuie la table avec un chiffon, puis plie le chiffon et le pose de côté, prêt pour le prochain passage. Le sol se libère d’une façon qui paraît simple mais prend du temps : déplacer un tabouret, bouger un seau, remettre le balai dans son coin.

On ouvre une fenêtre brièvement pour laisser sortir la fumée, puis on la referme vite. L’air froid entre, net et tranchant. On met une bouilloire à chauffer, et pendant qu’elle monte, la pièce devient une station : des mains vont du sac au placard, du placard à l’étagère, de l’étagère au plateau. Le travail est silencieux. Les sons viennent surtout des emballages : le déchirement du plastique, le frottement du carton, le clic d’un couvercle en métal. Pendant Losar à Leh, le seuil est actif parce que c’est l’endroit où l’agitation de la ville se transforme en ordre domestique.

Dehors, dans la ruelle, un voisin passe et lance un salut. La porte s’ouvre, se ferme, se rouvre ; à chaque fois, une tranche de lumière d’hiver tombe sur le sol. Quelqu’un secoue un tissu dehors, envoyant un petit nuage de poussière dans le soleil. Une autre personne verse de l’eau dans une bassine et rince une tasse. Losar à Leh est plein de ces gestes répétés, et ils donnent l’impression qu’une maison se réinitialise pour l’année.

Jour Deux : pâte, huile, et douceur d’hiver

Khapse et le rythme de la friture

IMG 9647 e1766311277328
Le deuxième jour de Losar à Leh est souvent façonné par un travail alimentaire que l’on voit et que l’on entend. La farine repose dans un grand bol. L’eau s’ajoute lentement. Les doigts pressent et plient, puis pressent encore, jusqu’à ce que la pâte devienne lisse et élastique. On l’étale sur une planche farinée, puis on la coupe en bandes. Chaque bande se tord ou se pince en une forme qui gardera son croustillant. Les plateaux commencent à se remplir. On pose un tissu sur une partie du plateau pour empêcher la pâte de sécher trop vite dans l’air chauffé de la cuisine.

L’huile chauffe dans une casserole profonde. On laisse tomber le premier morceau pour tester la température ; il coule, puis remonte avec des bulles. Un autre suit, et bientôt la surface s’anime. Une pince retourne chaque pièce au bon moment. La couleur change vite : pâle à miel, miel à or. On les sort et on les pose sur une assiette métallique pour égoutter. La cuisine sent propre et chaud, avec la farine et l’huile et une douceur légère. Pendant Losar à Leh, les khapse ne sont pas un seul plat ; c’est un processus qui remplit la pièce pendant des heures, et il laisse derrière lui des piles de formes croustillantes, presque architecturales quand elles sont rangées avec soin.
IMG 9648
Au fil de la journée, les piles grandissent. Certaines sont légèrement saupoudrées de sucre. D’autres restent nature. On remplit des bocaux et on les tape une fois sur la table pour que les pièces se tassent sans casser. On serre les couvercles. Un enfant vole un petit morceau, puis un autre, on lui dit d’attendre, mais il sourit et mâche quand même. Le travail continue. Le rythme est simple : étaler, couper, tordre, frire, égoutter, empiler. Losar à Leh vit souvent davantage dans ce rythme que dans n’importe quel « événement » visible, parce que c’est cette nourriture qui circulera de maison en maison quand les visites commenceront.

Thé, plateaux, et la maison prête pour les visites

IMG 6699
À côté de la friture, Losar à Leh apporte le travail régulier du thé. Une casserole mijote avec des feuilles de thé. On mesure le sel. On ajoute du beurre, puis on baratte le thé dans un grand cylindre, la poignée montant et descendant avec un « boum » doux. On réchauffe d’abord les tasses, puis on les remplit. La mousse se pose vite. Le plateau qui porte les tasses est essuyé avec un chiffon, puis essuyé encore. Un autre plateau attend avec khapse, noix et douceurs. Tout est arrangé en petits groupes pratiques, pour être soulevé et offert sans effort.

On ajuste une pièce pour s’asseoir. On secoue les coussins et on les aligne. On dégage une petite table, puis on la couvre d’un tissu. On range un coin : des bols posés net, une bougie vérifiée, une boîte d’allumettes placée à côté. Hors de la cuisine, le balai retourne à son coin, et le sol est balayé une fois de plus. Pendant Losar à Leh, la maison paraît fraîchement organisée non parce qu’elle est neuve, mais parce qu’on y a travaillé à répétition, les mêmes surfaces essuyées et balayées avec une attention patiente.

« Encore une tasse, juste maintenant. »

La phrase est ordinaire, mais on l’entend souvent pendant Losar à Leh. Les tasses se remplissent à nouveau, non comme un geste, mais comme une hospitalité pratique qui garde les mains chaudes en hiver. La bouilloire retourne sur le feu. On pose un couvercle avec soin pour retenir la vapeur. Un chiffon est plié en carré serré et laissé à portée de main. En fin d’après-midi, les plateaux sont prêts, les bocaux fermés, et la porte s’ouvre plus fréquemment. Quelqu’un frappe. Quelqu’un d’autre sort pour répondre. Le deuxième jour se termine avec la maison préparée à glisser sans heurt vers le troisième.

Jour Trois : cours, portes, et assises rapides

Visites du matin : salutations, chaussures, et recharges

Le troisième jour de Losar à Leh ressemble souvent à une suite de seuils. Le matin est lumineux. La ruelle est animée d’une manière douce : des gens marchent par petites distances, s’arrêtent à une grille, entrent, puis réapparaissent un peu plus tard. Chaque visite commence par enlever les chaussures. Les bottes sont posées proprement sur le côté, pointes tournées vers l’extérieur. Les salutations s’échangent vite. On ajuste une écharpe. Très vite, les mains se réchauffent autour d’une tasse. Le plateau arrive avec khapse, noix, douceurs et biscuits, et il se place à portée immédiate pour que personne n’ait à se pencher trop loin dans des vêtements d’hiver.

Les recharges se font automatiquement. La théière se soulève, verse, se repose, se resoulève. Un enfant porte les tasses avec précaution, concentré pour ne pas renverser. Une bouilloire en métal fait un petit « clink » quand elle touche le plateau. Quelqu’un essuie le bord d’une tasse du pouce. Ce sont ces gestes minuscules et précis qui définissent Losar à Leh. Les conversations existent, mais la forme de la visite est claire même sans entendre un mot : s’asseoir, réchauffer les mains, manger quelque chose de croustillant, boire du thé, se relever, remettre les bottes, ressortir au soleil.

Dehors, taxis et scooters passent lentement. On porte de petits sacs, des présents faciles à tenir — paquets de douceurs, un bocal, des fruits. La route montre des plaques de glace là où l’ombre demeure. Pendant Losar à Leh, les gens marchent avec une prudence hivernale qui paraît gracieuse : une légère pause aux coins, des pas posés, épaules détendues, mains rentrées dans les poches entre les portes.

Détails de cour et table du soir

IMG 9651
Dans les cours, Losar à Leh a sa propre lumière. Le soleil frappe un mur et le réchauffe en couleur, même si l’air reste froid. Les ombres des drapeaux de prière rayent le sol de pierre. Un balai laisse des lignes visibles là où la poussière a été rassemblée puis ôtée. Un seau repose près d’un robinet. On rince des tasses à l’eau froide, puis on les pose à l’envers pour qu’elles s’égouttent. Une pile d’assiettes attend sur une étagère. Le bois d’abricot est rangé avec soin, bûches alignées comme des briques. Une cheminée en tôle se dresse, noircie près du haut là où la fumée est passée toute la saison.

Les enfants entrent et sortent de la cour, se glissant vite par les portes. Des mains plus âgées trient et portent : bocaux déplacés vers un placard, plateaux retournés à la cuisine, chiffons rincés puis essorés. Le travail continue même pendant les visites, mais sans ostentation. Pendant Losar à Leh, la maison tourne comme une routine bien répétée, et la cour est l’endroit où l’on voit comment la routine tient.

Quand le soir arrive, la table se met en place selon une suite simple. La nourriture arrive dans des plats qui fument quand on soulève les couvercles. On sert du riz, puis des nouilles ou une soupe, puis des légumes, chaque plat posé avec soin pour tenir sur la table sans encombrer. Les cuillères tintent légèrement. On déchire le pain à la main. Les tasses reviennent. La bouilloire retourne au feu puis à la table. On débarrasse et on empile les assiettes. La pièce reste chaude de la cuisson, et les fenêtres restent fermées contre le froid. Losar à Leh termine son troisième jour dans cet ordre domestique régulier : nourriture, chaleur, vaisselle, et des ruelles calmes dehors.

Vêtements, couleur, et les coins publics de la ville

Tissus, superpositions, et mouvement d’hiver

Pendant Losar à Leh, les vêtements font partie de la scène visible, surtout en plein jour. Les couches épaisses donnent aux silhouettes une rondeur d’hiver. Les bonnets de laine descendent bas. Les écharpes couvrent joues et bouche. Les gants se portent, puis s’enlèvent brièvement pour compter de l’argent ou ajuster un sac, puis se remettent vite. Les bottes laissent des traces fermes là où le sol est tendre. Sur la glace, les pas avancent avec une prudence mesurée. Dans les ruelles étroites, on se tourne de profil pour passer, en faisant attention à ne pas frôler les manches de l’autre. Chaque mouvement paraît un peu plus lent qu’en été, mais rien ne semble lourd ; la ville a appris le rythme de l’hiver.

Les couches traditionnelles apparaissent aux côtés des vestes modernes. Une goncha se noue solidement à la taille, le nœud vérifié une fois puis serré. Une veste de sport matelassée attrape le soleil dans un éclat synthétique. Des chaussettes de laine dépassent au-dessus des tiges des bottes. Les mains portent des thermos et de petits sacs plastiques, gardés près du corps pour la chaleur. Pendant Losar à Leh, on remarque à quel point les gens ajustent quelque chose : une écharpe, un bonnet, une sangle de sac. Les ajustements sont petits, répétés, et ils rendent le mouvement facile dans l’air froid.

À l’intérieur des maisons, ces couches se desserrent. Les gants se posent près de la porte. Les bonnets s’enlèvent et se posent sur une étagère. Une écharpe se plie vite et se place sur une chaise. Les chaussures s’alignent en rangées. Ces transitions calmes — du froid dehors à la chaleur dedans — se répètent tout au long de Losar à Leh, et elles donnent à la journée un rythme doux qui ne paraît jamais pressé.

Bazar principal, ruelles silencieuses, et la ville d’hiver comme scène

IMG 9650
Losar à Leh a aussi ses scènes publiques, et on les trouve souvent au bazar principal. Les volets s’ouvrent par à-coups dans un cliquetis métallique. Des cartons s’aplatissent sous les bottes et s’empilent contre un mur. Un porteur remonte un sac sur son épaule avec une courte expiration. Des chauffeurs de taxi restent assis, mains autour de verres de thé, puis se lèvent pour saluer quelqu’un. Un commerçant balaie le seuil vers l’extérieur, envoyant la poussière dans un rayon de soleil vif. La rue est vivante, mais le bruit reste modeste : klaxons brefs, salutations rapides, quelques rires, et le frottement constant des bottes.

Dans les ruelles latérales, Losar à Leh paraît plus silencieux. Des piles de bois de chauffage reposent contre les murs. Les cheminées en tôle projettent des ombres fines. Des traces de suie près des aérations montrent à quel point les poêles ont travaillé dur. Des chiens dorment dans des taches de soleil, et des chats rôdent près des sorties tièdes. Des moineaux sautillent sur les rebords, picorant des miettes. Un tuyau d’eau goutte lentement, puis s’arrête, puis goutte encore. En hiver, la ville a moins de touristes et moins de distractions ; les détails sont plus faciles à voir, et Losar à Leh devient une excuse pour marcher lentement et regarder avec attention.

Même dans ces coins calmes, les signes de Losar à Leh restent pratiques : un plateau porté à travers une ruelle ; un sac d’oranges qui balance légèrement au côté de quelqu’un ; un bocal passé d’une main à l’autre ; une porte qui s’ouvre et se ferme avec une fréquence régulière. La fête n’est pas séparée de la vie ordinaire de la ville. Elle s’y glisse, visible dans la manière de se déplacer, de porter, de nettoyer et de partager.

Conclusion : ce qui reste après Losar à Leh

Constats clairs après trois jours

IMG 6491
Quand Losar à Leh se termine, la ville revient à sa routine d’hiver, mais quelques choses restent faciles à remarquer. D’abord, le travail est visible : le balayage des seuils, le tri des provisions, la fabrication régulière des khapse, le service constant du thé. Ce ne sont pas des détails secondaires ; c’est le centre de l’expérience. Si vous êtes à Leh pendant le Nouvel An ladakhi, vous pouvez comprendre beaucoup en observant comment les maisons se préparent et à quel point les visites passent vite d’une porte à l’autre.

Ensuite, Losar à Leh a le rythme de l’hiver. Les mouvements sont prudents là où la glace demeure. Les visites sont assez courtes pour garder les gens au chaud, mais assez nombreuses pour rendre la journée sociale. Le thé est servi souvent, non comme un geste formel, mais comme une nécessité simple de l’hiver. La nourriture est organisée pour voyager facilement : les khapse s’empilent bien, les noix et les douceurs se conservent, et les plateaux se soulèvent et se portent en un geste fluide. Si vous arrivez comme visiteur, la meilleure approche est pratique : habillez-vous chaudement, marchez prudemment, acceptez le thé, mangez un peu, et suivez le rythme de la maison.

Enfin, Losar à Leh est une remise à zéro à l’échelle de la ville, visible dans de petites choses : la ligne nette laissée par le balai sur la pierre, les bocaux alignés sur une étagère, les chaussures rangées au seuil. Ces détails donnent le sentiment d’une nouvelle année sans discours ni programme. Ils sont clairs, silencieux, et constants sur trois jours.

Une dernière note

Le matin après Losar à Leh, la ruelle paraît à nouveau familière. Les boutiques ouvrent à leur rythme d’hiver. La fumée monte régulièrement. Les taches de soleil reviennent aux mêmes coins. Mais la maison semble légèrement réordonnée : chiffons pliés, bocaux remplis, plateaux empilés proprement, et une sérénité prête au seuil. Si vous traversez Leh à ce moment-là, vous pouvez garder la mémoire dans vos sens : l’air vif, les seuils propres, le thé régulier, les couleurs lumineuses du marché, et le craquement doux des bottes sur la pierre. Il suffit de laisser la ville se montrer, une scène ordinaire à la fois, dans la lumière d’hiver.

FAQ : Losar à Leh pour les premiers visiteurs d’hiver

Quand a lieu Losar à Leh, et combien de temps durent les célébrations ?

Losar à Leh correspond au Nouvel An ladakhi, une période qui tombe généralement à la fin de décembre, même si les dates exactes varient selon les années et le calendrier local. Le rythme le plus perceptible s’étend souvent sur environ trois jours, avec des préparatifs avant et des visites pendant les jours principaux. Dans la pratique, vous pouvez voir des signes de Losar à Leh sur une période plus longue : achats, cuisson et friture, et des maisons qui reçoivent des invités avant et après le noyau central.

Si vous planifiez un voyage, il est utile de garder un emploi du temps souple et de vérifier sur place une fois arrivé, car différents quartiers et familles peuvent mettre l’accent sur des jours différents. Même lorsque les dates bougent, les motifs visibles restent semblables : préparatifs au marché, travail des khapse et du thé, et visites courtes entre maisons. Habillez-vous pour des matins froids et lumineux et des intérieurs plus chauds, car vous passerez souvent de l’un à l’autre.

Que mange-t-on et que boit-on généralement pendant Losar à Leh ?

Pendant Losar à Leh, vous verrez souvent des plateaux avec des khapse (formes de pâte frites et croustillantes), des douceurs, des noix, des biscuits, et des fruits de saison comme les oranges. La nourriture est choisie pour sa praticité en hiver : elle se conserve, se transporte facilement, et s’offre vite aux invités. Vous pouvez aussi trouver des repas simples servis le soir, avec du riz, des nouilles, des soupes et des légumes, selon les habitudes de chaque famille et le programme de la journée.

Le thé est central. Dans de nombreuses maisons, le thé au beurre (gur-gur chai) apparaît souvent, servi dans des tasses réchauffées et rempli sans grandes discussions. On peut aussi vous proposer du thé sucré. Accepter une petite portion, même si vous n’avez pas faim, est une manière douce de suivre le rythme des visites de Losar à Leh. L’expérience tient moins à la dégustation de plats rares qu’à l’observation de la manière dont plateaux, tasses et recharges font avancer la journée avec fluidité dans l’hiver.

Comment un voyageur doit-il se comporter s’il est invité dans une maison pendant Losar à Leh ?

Si vous êtes invité dans une maison pendant Losar à Leh, suivez les signaux les plus simples. Retirez vos chaussures au seuil et placez-les proprement là où les autres ont placé les leurs. Acceptez le thé lorsqu’il est offert, et prenez un petit morceau de khapse ou quelque chose du plateau si on vous le présente à portée de main. Gardez votre visite légère et sans hâte ; de nombreuses maisons accueillent des invités en séquences rapides, et rester un temps modéré correspond souvent mieux au rythme de la journée que de s’attarder.

Portez des couches chaudes faciles à enlever à l’intérieur, car les pièces peuvent être réchauffées par la cuisine alors que la ruelle dehors reste froide. Évitez de prendre des photos immédiatement ; observez d’abord où les gens s’assoient et où les plateaux sont posés, puis demandez discrètement si vous souhaitez photographier. L’hospitalité de Losar à Leh est pratique et régulière, et s’accorder à ce ton — vêtements chauds, pas prudents, gestes respectueux — aide à se fondre sans effort.

À propos de l’auteure

Sidonie Morel est la voix narrative derrière Life on the Planet Ladakh,
un collectif de récit qui explore le silence, la culture et la résilience de la vie himalayenne.